Le parcours initiatique d'un naturaliste ne doit rien au hasard. Il y faut souvent une lente maturation,
une once de curiosité, un savoureux plaisir à découvrir et enfin une grande envie de connaître.
L'écriture procède de la même approche : une envie profonde de mettre des mots sur le papier avec l'étonnement d'un résultat improbable.
Un orage d'idées, un flux trop fort de sensations, une obligation de prendre la plume pour échapper ou circonvenir à une enfance troublée.
La solitude de l'écriture confine, parfois à une volonté de se retirer de ce monde pour en créer un autre... dans lequel on sera acteur et observateur. Ce besoin d'écrire m'a saisi à l'adolescence pour ne jamais lâcher prise.
La plume est l'indispensable outil pour entreprendre une résurrection que l'on aurait voulu maîtriser et qui échappera souvent à notre volonté. Un grand besoin de partage, alors, se fait jour et l'on voudrait entraîner quelques humains dans ce sillage poétique.
"Il n'est pas douteux que votre disparition signifiera le commencement d'un monde entièrement fait pour l'homme. Mais laissez-moi vous dire ceci, mon vieil ami, dans un monde entièrement fait pour l'homme, il se pourrait bien qu'il n'y ait pas non plus place pour l'homme. C'est ainsi, monsieur et cher éléphant, que nous nous trouvons, vous et moi, sur le même bateau, poussés vers l'oubli par le même vent puissant du rationalisme absolu. Dans une société vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs."
Romain Gary, 1968